KLONARIS / THOMADAKI
Infinite Revolution

Florilège critique


«Figures de proue du cinéma expérimental, initiatrices du «cinéma corporel» et protagonistes des environnements de projection, instigatrices d'approches novatrices de la photographie et pionnières du croisement des média, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki démontrent par la rigueur de leur engagement personnel, comme par leur démarche qui se développe en longs cycles, la nécessité de repenser la création contemporaine à la lumière des nouveaux outils technologiques, mais aussi à celle des préoccupations scientifiques, sociales et philosophiques actuelles »

(Christian Gattinoni, «Klonaris/Thomadaki, Le destin politique des anges», art press, n°275, janvier 2002)

«L’originalité de la démarche de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki tient dans leur capacité d’avoir associé une connaissance profonde, intime de la culture grecque, de sa langue, de sa mythologie, de sa philosophie à une compétence exceptionnelle dans le domaine des techniques de pointe en matière audiovisuelle et numérique. En mettant les nouvelles technologies au service des images et des récits, elles ont produit une vraie révolution du regard moderne porté sur tout fantasme des origines, sur le destin corporel et iconique de nos mythes fondateurs et cela, sans quitter le monde scientifique et technique qui est le nôtre.»

(Marie-José Mondzain,Klonaris/Thomadaki, Le Cinéma corporel, Cécile Chich (dir.), L’Harmattan, 2006)

«L’œuvre de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki ne ressemble à aucune autre. Tout entière animée par une recherche sur la figuration du corps, elle a trouvé des moyens plastiques brillants et forgé de nombreux instruments théoriques pour développer en images une pensée à la fois critique et affirmative. […] Maria Klonaris et Katerina Thomadaki ont inventé des articulations nouvelles entre présence du corps vivant et analyse figurative des icônes, entre performance et enregistrement, entre images fixes, mouvements des images et mobilité des supports, entre mythographies et modernité.»

(Nicole Brenez, Klonaris/Thomadaki, Stranger than Angel (catalogue), Ed. Cankarjev Dom, Ljubljana, 2002)

«L’œuvre de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki fait partie du patrimoine cinématographique par son originalité, son caractère novateur et précurseur et son importance dans l’histoire du cinéma expérimental. […] [Les restaurations de leurs films] sont uniques et exemplaires pour notre institution […]. Ce travail exceptionnel n’a aucun équivalent dans le monde des archives membres de la Fédération Internationale des Archives du Film, qui ne prend pas habituellement en compte la place du cinéma expérimental dans l’histoire du cinéma, et fait désormais l’admiration de nombreuses archives et cinémathèques étrangères».

(Éric Le Roy, «A propos de la restauration des films de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki par les Archives Françaises du film», Journal of Film Preservation, n° 72, novembre 2006)

«Figures marquantes du cinéma expérimental en France, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki sont par ailleurs internationalement connues pour leurs installations et leurs performances multi-media. "Multi-media" et "cinéma corporel" sont les principales formes de dépassement du cinéma par la rupture du tabou de l'illusion. Le cinéma de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki représente la conception la plus riche de ce double mouvement en France et arrive à nous entretenir des problèmes aussi bien du corps que de l'inconscient de manière inédite.»

(Raphaël Bassan, CinémAction, n°10-11, «Cinémas d'avant-garde», 1980)

«Maria Klonaris et Katerina Thomadaki sont des artistes dont la poly-expressivité (comme disaient les futuristes) n’a d’égal que l’unité d’inspiration. […] On relèvera évidemment une préoccupation centrale : le corps, leurs corps. […] Le corps féminin, mais plus largement toutes les formes de corps où rode le féminin, corps de l’enfant, de l’ange ou de l’hermaphrodite. Le corps, mais aussi, ce qui, pour elles, le fonde ou le pare : la Grèce, la mer, les mères, les maquillages, les masques, les statuettes, les joyaux, les plumes, les miroirs, Artémis et Astarté, tout ce qui fait de L’Enfant qui a pissé des paillettes ou d’Astarti les joyaux rutilants d’une mythologie à la fois ancienne et présente, collective et personnelle.»

(Dominique Noguez, L’art du mouvement, Collection cinématographique du Musée National d’Art Moderne, éditions Centre Pompidou, 1996)

«Pionnières indéniables, elles ont exploré des manières différentes de détourner et mixer les supports et les médias, qu’elles maîtrisent et réinventent depuis les années 70. […] Leur entreprise artistique permet au public, et plus particulièrement aux femmes, de découvrir des modes de représentation où la féminité se forge un nouvel imaginaire. […] Leur approche transversale des grands mythes féminins, leurs mises en forme des images, avec toute l’exigence qu’on leur reconnaît, contribuent à la construction d’une identité de femme digne, assumée et épanouie.»

(Jackie Buet, «Maria Klonaris - Katerina Thomadaki: invitation au rêve avec deux femmes d’exception», catalogue du 27 e festival international de Films de femmes, Créteil 2005)

«Sous [leur] double signature, elles tentent dès les années 1970 de mettre en place un double regard féminin […] Sensibles aux cultures antiques, elles rejoignent dans leur désir d’images les travaux anthropologiques ou archéologiques qui décentrent le pouvoir patriarcal et énoncent des sociétés matriarcales, en dehors ou précédant la culture occidentale.»

(Catherine Gonnard - Elisabeth Lebovici, Femmes artistes/Artistes femmes, Hazan, 2007)

«Que ce soit par le film, la photographie, la vidéo, la performance, l’installation, la bande sonore ou la palette graphique, leur œuvre réactive des mythes, fait ressurgir des archétypes en leur donnant une interprétation nouvelle. Corrélativement, ces figures, travaillées comme d’intenses puissances d’évocation imaginaire, agissent comme éléments perturbateurs des outils, langages et certitudes de nos modes de pensée.»

(Cécile Chich, Eonta, vol. 2, n°1, Londres, 1993)

«Les corps nomades de Klonaris et Thomadaki nous forcent à envisager des modes de perception tout sauf familiers, de nouveaux paradigmes de la mémoire et de la perte. Exil et altérité constituent les principales positions de la politique du corps qu'elles développent dans leur travail. Les créatures de Klonaris et Thomadaki mettent en exergue la nature instable et ténue du «genre» lui-même.»

(Marina Grzinic, «Plus étrange qu’un ange», Klonaris/Thomadaki, Le Cinéma corporel, Cécile Chich (dir.), L’Harmattan, 2006)

«Parler des œuvres de M. Klonaris et K. Thomadaki en termes d’apparition, de scintillement et d’envol incite à prononcer un mot délicat et solennel, imposant et puissant : la beauté. Il me semble que, dès qu’on le fréquente, le travail des deux artistes nous poursuit, nous accapare et lorsqu’on le remémore, on ressent de la plénitude. Et ce sentiment naît de la beauté. Les œuvres de M. Klonaris et K. Thomadaki sont belles grâce à leur complexité, leur inventivité, leur ambiguïté. Elles sont belles dans leur délicatesse et leur imposant mystère».

(Véronique Mauron, «Le réenchantement du monde et l’œuvre de conversion», Klonaris/Thomadaki, Le Cinéma corporel, Cécile Chich (dir.), L’Harmattan, 2006)

«[…] Leur œuvre est extraordinairement impressionnante. […] C’est sidérant d’avoir fait autant de films aussi beaux! […] C’est vraiment une grande admiration que j’éprouve pour leur travail».

(Jacques Aumont, introduction à la conférence de Katerina Thomadaki, Collège de l’histoire de l’art cinématographique, Cinémathèque Française, 2006)

A propos de Unheimlich I : Dialogue secret

«Si Maria Klonaris et Katerina Thomadaki transgressent à tous les niveaux les rites du spectacle consommé, c'est avant tout les schémas psychiques de représentation du spectateur qu'elles désirent pervertir, schémas dont Godard disait qu'ils étaient la matérialisation de l'idéologie. Certes, une fascination indicible nous envoûte, mais au lieu de paralyser notre conscience d'illusions ordonnées, elle permet la rencontre et le "dialogue secret" des images du film avec nos propres images intérieures recomposées; elle fait appel à notre liberté et notre création de sens personnelle; elle substitue d'autres rapports entre notre conscience, nos sens, l'écran et (finalement) la réalité, d'où naîtront le doute, le vertige de l'inconnu, et peut-être les germes d'une attitude politique, morale et artistique nouvelle.»

(Michel Egger, Journal du Jura, Bienne, 10 mai 1979)

A propos de Mystère I : Hermaphrodite endormi/e

«Cette œuvre charnière opère le passage du cinéma élargi et de la performance de projection multimédia à l’installation et à l’environnement de projection. Son poids historique est fort: il s’agit du premier environnement de projection réalisé en France, lieu d’une véritable pénétration du cinéma à l’intérieur des arts plastiques.»

(Simonetta Cargioli, «Klonaris/Thomadaki: du cinéma élargi aux environnements de projection», Klonaris/Thomadaki, Le Cinéma corporel, Cécile Chich (dir.), L’Harmattan, 2006)

A propos du Cycle de l’Ange

«C'est une logique subversive intrasexes et intramedias que pratiquent Maria Klonaris et Katerina Thomadaki dans leurs photographies, installations ou vidéos, qui explorent tous les "sites de l'ange" en ses figures mythologiques et utopiques. Leur ange-hermaphrodite, de provenance médicale, devient une image matricielle et hybride, porteuse de tous les sexes virtuels.»

(Christine Buci-Glucksmann, «Le sexe virtuel», Klonaris/Thomadaki (dir.), Pour une écologie des media, Paris, A.S.T.A.R.T.I., 1998)

A propos de Quasar 

[…] Il y a une ambiguïté dans Quasar, on ne sait pas s’il s’agit du commencement ou de la fin de l’univers, ou des deux en même temps. Ce qui est sûr, c’est que les forces qui animent l’image s’exercent au niveau le plus élémentaire de la matière et de l’énergie. […] De même qu’en astro-physique l’espace est inextricablement lié au temps, l’espace et le temps dans Quasar ne font qu’un. Et c’est une troublante et forte expérience temporelle que nous offrent les 30 minutes du film. […]
On se laissera conduire vers l’Ange, aux limites de la perception, entre la transe et le ravissement.

(Edmond Couchot, conférence à la SCAM, 2003)

«Tout en continuant à interroger le cinéma, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki ont recours, dans Quasar, aux transformations d’espaces obtenues grâce aux procédés de numérisation et de calcul qui permettent de faire évoluer, involuer des formes, les étirer […]. En procédant à une exploration sensible des effets esthétiques et synesthésiques, elles renversent la rhétorique habituelle de l’image. La vision devient ainsi contemplation dans Quasar, aux confins du Cycle de l’Ange. Il y a là une qualité de silence pour le spectateur. Le vécu corporel et le vécu spéculatif sont du même tissu, ils respirent ensemble. Dans Quasar le regard peut contempler, c’est-à-dire engager avec le ciel une relation presque dangereuse».

(Marie-José Mondzain, «La nuit égyptienne. A propos de Quasar», Esthétique et complexité, Zoï Kapoula et Louis-José Lestocart (dir.), CNRS éditions, 2011)