KLONARIS / THOMADAKI
Infinite Revolution

Avec Maria Klonaris / Katerina Thomadaki et la participation de Marie-José Mondzain

Vendredi 16 novembre 2012, séances à 17h15 et 18h45

Bibliothèque nationale de France
Grand Auditorium
Site François Mitterrand

Evénement organisé en partenariat avec les Archives françaises du film du CNC


Double autoportrait. Photo © Klonaris / Thomadaki

Le 16 novembre 2012, la BnF consacre une manifestation à Maria Klonaris et Katerina Thomadaki, duo artistique marquant qui depuis les années 70 développe un travail transgressif, transculturel et trans-genres. Différentes projections révèleront une œuvre hors du commun, qui mêle supports et disciplines pour conjuguer mythes réactualisés et préoccupations sociopolitiques contemporaines.

Cet événement rendra visible pour la première fois le fonds d’archives Klonaris/Thomadaki constitué par la BnF en collaboration avec les artistes.

Maria Klonaris et Katerina Thomadaki déploient depuis plus de quarante ans une activité artistique pluri-disciplinaire (cinéma, vidéo, estampe, dessin, photographie, performance, installations, création sonore, art numérique). Parfois galvaudé, le terme est ici pleinement justifié, tant elles se sont approprié à chaque fois la technique de la discipline pour y décliner d’une manière achevée leurs thèmes de prédilection.

Apparues sur la scène artistique post - 68, les deux artistes ont croisé en pionnières les arts plastiques, le cinéma et l’art numérique, à une époque où les cloisonnements étaient bien plus tenaces qu’aujourd’hui. D’une pratique théâtrale très expérimentale à Athènes, elles sont passées au milieu des années 1970, à Paris, au cinéma qu’elles ont appelé «corporel». Nourries de pensée critique (psychanalyse, philosophie, sociologie, pensée féministe...), elles ont porté la revendication d’une «féminité radicale» et questionné la frontière entre les sexes. Dès les années 80 et avant l’éclosion du mouvement «queer», leur œuvre multiforme se penche sur le genre et l’intersexualité. Les motifs-clés de leurs grands cycles sont l’hermaphrodite, l’ange, le féminin comme «inquiétante étrangeté», le «monstre». Autant de figures qui bousculent les genres et les identités figées. Autant de lieux où s’entrelacent les survivances des origines grecques des deux artistes et leurs influences électives pour produire un imaginaire transculturel absolument singulier.

Selon leurs propres termes, Klonaris/Thomadaki jouent des «relations entre mouvement et immobilité, entre film et photographie dans un cinéma non narratif, centré sur le corps et sa présence vibrante des deux côtés de la caméra; un cinéma qui, par ailleurs, sort du cadre purement cinématographique pour investir l'espace sous forme d'installations et d'environnements multimédias». Bref, un art qui outrepasse volontairement les cadres prédéfinis, celui du cinéma comme celui du musée.

Leurs œuvres ont été saluées comme «déroutantes et magistrales» (Raphaël Bassan), «éblouissantes dans leur beauté plastique» (Cécile Chich). Elles sont reconnues pour leur «caractère fondateur» (Marie-José Mondzain), leur originalité, leur «refus des normes technologiques, linguistiques ou sexuelles» (Christian Gattinoni), leur capacité de plonger le spectateur «dans un monde envoûtant, aux limites de l’hypnose ou de la transe» (Nicole Brenez), de l’affronter à «l’étrange, l’inqualifiable, le mystérieux» (Véronique Mauron).

Klonaris et Thomadaki ont été les conceptrices et directrices artistiques des quadriennales Rencontres Internationales art cinéma/vidéo/ordinateur, événement phare qui a débuté en 1990 à la Vidéothèque de Paris (futur Forum des images), anticipant le remplacement de l’image photochimique par l’image numérique et plaidant pour une écologie des technologies en art.

Théoriciennes défendant l’insoumission des images et des corps, les deux créatrices ont publié sur le plan international des ouvrages et des dizaines d’articles, entretiens et manifestes qui font désormais partie du Fonds Klonaris/Thomadaki de la BnF. Elles ont également conçu et réalisé sur France Culture plusieurs «Ateliers de création radiophonique», sauvegardés par l’INA.

Une œuvre constituée en patrimoine

Dès le début des années 2000, les Archives françaises du film (CNC) ont distingué l’œuvre cinématographique expérimentale de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki en procédant à la restauration en film 35 mm de trois de leurs films initialement réalisés sur pellicule Super 8. La dernière en date de ces restaurations sera au programme de l’événement «Klonaris-Thomadaki: Infinite Revolution».

Progressivement, le fonds Klonaris/Thomadaki de la BnF vise à documenter quatre décennies de travail des deux artistes, tel qu’il a été représenté dans de hauts lieux de l’art et du cinéma (Centre Pompidou, Musée d’art moderne de la Ville et Cinémathèque Française, Paris; MoMA, New York; National Gallery of Art, Washington; British Film Institute et Tate Modern, Londres; Fondation Joan Miro, Barcelone; MoCA, Taipei ; Kunsthalle Wien; Cankarjev Dom, Ljubljana; Rudolfinum Gallery, Prague; Pinacothèque et Musée Bénaki, Athènes...). Par des dons successifs depuis 2008, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki confient des archives vidéographiques et sonores au département de l’Audiovisuel de la BnF, qui les sauvegarde. La partie audiovisuelle du fonds est consacrée en particulier aux œuvres éphémères des deux artistes, notamment les performances et les installations, dont elle réunira des éléments et des documents (bandes son, vidéos, photographies, etc). Le fonds comprendra également la quasi totalité des publications par et sur Klonaris/Thomadaki (essais, catalogues, ouvrages et articles de revues, plus de 300 pièces) accompagnées d’une riche documentation imprimée sur leurs projections et expositions. La constitution et l’organisation du fonds sont en cours et s’effectuent en étroite collaboration avec les artistes. Le fonds Klonaris /Thomadaki sera décrit dans le catalogue BnF-Archives et manuscrits.