Pulsar
et
Quasar sont deux œuvres inspirées
par des découvertes récentes de l’astrophysique. Elles ne
donnent cependant aucune réponse scientifique, elles ne transmettent
aucun savoir sur l’univers, mais elles interrogent l’énigme de sa
naissance (Pulsar) et de sa mort (Quasar). Elles nous font
intimement et corporellement participer à ces événements
que nul n’a jamais connus et ne connaîtra jamais.
Tandis que l’espace de Pulsar est centrifuge
et explosif, l’espace de Quasar est centripète et implosif. L’image
s’effondre perpétuellement sur elle-même, implose en son centre
souvent occupé par la figure obsédante de l’iris -
ce qui fait songer, quand on se souvient qu’iris signifie en grec arc-en-ciel.
La vue serait-elle un arc-en-ciel déployé au-dessus du monde,
la paix après la pluie? Paradoxalement, cette implosion qui condense
l’espace semble en même temps l’expanser. Car, il y a une ambiguïté
dans
Quasar, on ne sait pas s’il s’agit du commencement ou de la
fin de l’univers, ou des deux en même temps.
Ce qui est sûr, c’est que les forces
qui animent l’image s’exercent au niveau le plus élémentaire
de la matière et de l’énergie. Le traitement de l’image est
granulaire. La lumière émane de myriades de particules en
mouvement que seule une palette numérique peut produire (mais que
peu d’artistes savent maîtriser). Les formes ne sont ni abstraites,
ni figuratives - même celles qui évoquent les visages ou la
hiératique présence de l’Ange. Elles donnent une visibilité
à l’énergie. Si l’astrophysique parle de l’“ énergie
du vide ” mais en des termes mathématiques inaccessibles pour le
non initié, cette expression prend soudain un sens clair devant
les images de Quasar. Sans cesse, l’écran se vide plutôt
qu’il se remplit, expulse l’image, l’anéantit, et ce faisant l’engendre
- Phénix à l’œuvre.
De même que, en astrophysique l’espace
est inextricablement lié au temps, l’espace et le temps dans Quasar
ne font qu’un. Et c’est une troublante et forte expérience temporelle
que nous offrent les 30 minutes du film. En contrepoint de la musique,
musique sonore, elle, et très réussie, court une autre musique,
visuelle celle-ci, élaborée avec un soin savant, structurant
complètement, et comme par dessous, l’enchaînement des événements.
On ne cherchera pas à y retrouver l’harmonie des sphères
célestes pythagoriciennes, on se laissera plutôt posséder
par son rythme, ses syncopes, ses pulsations, ses déchirements,
son vertige. On se laissera conduire vers l’Ange, aux limites de la perception,
entre la transe et le ravissement.
Edmond Couchot 2003 |