Dans son silence,
ce film nocturne et bleu est un hymne paisible au visage féminin,
à ses travestissements et à ses maquillages. Paisible? Ce
n'est pas si sûr - et il y a quelque chose de redoutable dans les
mimiques furtives de Maria Klonaris, trônante et parée comme
une Reine de la nuit: peut-être un peu de cette "inquiétante
étrangeté" par quoi on traduit d'ordinaire "unheimlich" chez
Freud. Peu importe, d'ailleurs: l'essentiel est la fascination qu'exercent
ces visages solitaires ou jumeaux, paraissant des masques japonais ou des
statuettes égyptiennes, filmés sur fond noir avec un sens
de la profondeur de champ qui nous rapproche en moins tourmenté,
d'un Zwartjes. Pour la première fois, les réalisatrices de
Double
Labyrinthe et de L'Enfant qui a pissé
des paillettes incorporent à leur travail quelques-uns des
procédés courants du cinéma expérimental -
surimpressions, clignotements, etc.-, tout cela sans hiatus ni abus. C'est
à ce jour, leur plus beau film.
Dominique Noguez
Maintenant, lundi
9 avril 1979 (extrait) |
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