Du mercredi 8 mars au samedi 8 avril 2000 la Galerie
J.&J. Donguy présente Désastres
Sublimes, une nouvelle exposition
photographique de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki.
Figures de proue du cinéma expérimental
en France, Klonaris et Thomadaki initient au milieu des années 70
le cinéma corporel et réalisent en pionnières
un grand nombre de performances et d'environnements de projection. Ayant
opté très tôt pour la traversée et l'hybridation
des médias technologiques, les artistes acquièrent une réputation
internationale avec leurs films, vidéos, photographies et installations
multi-médias. Théoriciennes, elles publient de nombreux essais,
manifestes et ouvrages, constituant une œuvre théorique parallèle
à leur création plastique. Dans les années 90 Klonaris
et Thomadaki conçoivent et dirigent à Paris trois éditions
des Rencontres Internationales Art cinéma / vidéo / ordinateur,
événement phare autour de l'image en mouvement et des innovations
technologiques dans l'art.
Après le Cycle de l'Ange (1985-2000),
où elles retravaillent par divers médias, analogiques ou
numériques, la photographie médicale d'une hermaphrodite,
qu'elles mettent en scène dans des environnements spécialement
conçus, avec Désastres
Sublimes Klonaris et Thomadaki inaugurent
un nouveau cycle d'œuvres autour du corps, de l'identité et de l'inconscient.
Empruntée à nouveau à l'imagerie médicale,
ici l'image de départ est une cire de jumeaux siamois, "phénomène
double à tronc unique", provenant de la fameuse collection anatomique
du Musée Spitzner ouvert à Paris en 1856. Les artistes associent
cette image d'un corps "monstrueux" avec des organismes marins, des photographies
de coquillages, ainsi que des planches extraites de l'ouvrage Formes
artistiques de la nature (1899) du biologiste allemand Ernst Haeckel.
Elles intègrent ainsi des champs d'exploration scientifique (biologie,
génétique) dans leur recherche plastique. Pris dans un réseau
de constellations marines, le corps extraordinaire des jumeaux conjoints
est repercuté dans des doublures virtuelles générées
par des traitements numériques.
Cette exposition est une nouvelle étape de
la réflexion imagée de Klonaris et Thomadaki sur le corps
dissident et sur les doubles technologiques. Figure clé de la
crise contemporaine de l'identité et de la normalité, le
"monstre" est un corps à la fois réel et virtuel. Le "monstre
double" traverse ici les simulacres successifs d'invention humaine - de
l'effigie de cire aux miroirs technologiques de la photographie et de l'image
numérique.
L'exposition sera accompagnée de la publication
d'un catalogue avec des textes de Gilbert Lascault, Christian Gattinoni,
Anguéliki Garidis, Maria Klonaris/Katerina Thomadaki et un entretien
des artistes par Jacques Donguy. |