Angel Scan. Voyage, mais sans substances, si ce n’est celles que génère le cerveau quand l’énergie s’éveille en conscience créatrice, accompagnée d’une intense expérience de la lumière et des ténèbres. Fourmillement, bombardement des atomes, danse des particules électriques animées d’un mouvement ultrarapide. Unités invisibles d’énergie infra-atomique, formes/couleurs qui se caractérisent par leur chaleur irradiante, leur force d’attraction, leur potentiel sonore et vibratoire.
Angel Scan est autant un « psychogramme » (ci-dedans), qu’un « cosmogramme » (là-dehors). En deux mots : c’est la réception de l’Ange en soi en dépit de la vanité de l’existence. Le sens ici est dans l’expérience.
M. K. – K. T., 2007
Sur un visage quasi immobile (ou qui subit sans cesse des gels de l’image) tout au long du film s’inscrivent des micro-événements (taches, « neige » électronique, points, tourbillons, flashes, déflagrations comme dans Pulsar, mousse de points, décomposition/dessiccation de temps en temps de l’image, ondes, toutes sortes de turbulen ces, d’oscillations (espace des phases) ; toutes sortes de structures se formant et modélisant l’idée de scanning, que l’on peut alors rapprocher d’écritures du dedans et d’indices de structures cachées au sein de l’image, reproduisant des opérations cognitives qui cherchent à identifier les phénomènes qu’on a devant les yeux. Processus de pensée, analyse du phénomène ? Il se transcrit dans cette imagerie une lecture de la complexité.
(…) Pourquoi l’Ange apparaît aurifié ? Je dis aurifié en étendant le terme à l’action qui consiste à recouvrir une statue avec de l’or. C’est ainsi que j’interprète certaines images où le visage de Maria n’apparaît plus, où il semble s’être produit une fusion entre l’Ange et elle.
(…) Comment les formes naissent est la question que suscite Angel Scan. Le film y répond par la mise en représentation de l’exploration sans limite d'un système dynamique non-linéaire avec lignes courbes, boucles, récursions se construisant sans cesse dans l'espace: un chaos qui s’organise. L’image se constitue petit à petit sous nos yeux, mais il n’y a pas une seule image, puisqu’il s’agit d’un film. Angel Scan est composé d’images vivantes qui rentrent en interaction avec notre perception, avec notre façon decomprendre – et j’ai l’impression que c’est là le véritable but de l’art.
Louis-José Lestocart
Conférence sur Klonaris/Thomadaki, Palais de Tokyo, 2007
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