fermez les
yeux
image noir-et-blanc inversée
passez de l’autre côté
Maria
visage noir comme un ciel de nuit traversé
d’étoiles
corps-ombre filant dans les espaces
stellaires
vous regarde
pulsations rythmes éclats lumineux
Maria
noire Astarté des puissances
chtoniennes
masque à la chevelure sauvage
Méduse à l’oeil effarant
vous scrute d’un regard qui transperce
jusqu’à l’os
apparitions disparitions
envoûtement sonore
comme en état d’hypnose
je suis propulsée
inexorablement vers ma propre étrangeté
Maria
noire Kali annihilant tout obstacle
sorcière à la main fulgurante
cyberfemme surgissant de sa boîte
de Pandore
me projette le miroir abyssal de mes
propres peurs
danse transe furie
les formes se disloquent l’image éclate
accélération
pulsations
et le corps dans sa puissance physique
fait place à
un blanc inouï
un vide radical qui vibre et palpite
écran d’électrons qui
fourmillent et où,
ultime au-delà, je m’abîme
jusqu’au moment où l'image bascule
car en cette lumière blanche
la chute se fait rebond
l’obscurité lumière
la peur désir
la mort renouveau
le néant tout potentiel
Pulsar : l’étoile redevient
poussière, énergie pure
Maria
corps chamanique à la puissance
transfigurante
qui effraie et défraie
pour ne laisser place qu’à l’essentiel
la force de l’amour, le cri de la vie,
l’affront à l’ange de la mort
la fluide douceur
tout cela est à l’oeuvre à
qui veut le voir
paupières closes
- mais pour cela, peut-être faut-il
avoir déjà rencontré sa propre Méduse
et fait cette traversée intérieure
de l’effarement
celle d’où l’on ramène
beauté, vie et compassion
de sa propre mortalité, laideur
et insignifiance
avoir accepté ce masque grottesque
qui nous habite
- ou alors l’oeil risque de nous hanter
longtemps
Pulsar
fermez les yeux
jetez votre regard dans le vide sidéral
un regard noir unissant les forces
invisibles du corps à
celles des étoiles en explosion