Après cinq
ans d’intense travail sur l’identité, quête alchimique des
profondeurs, après neuf films et films/actions où le geste
des actantes retentissait contre un fond noir qui éliminait l’environnement
pour révéler le dedans, prises de vue en extérieur:
rencontre du dedans avec le dehors.
Voyage de retour dans la mémoire.
Traversée du paysage grec au mois d’août. Les mers. Les ruines,
vestiges de maisons abandonnées, foyers troués, percés
par le vent, dedans traversé par le dehors. Unheimlich: l’inquiétante
étrangeté. Activation d’une mémoire des origines.
Unheimlich: ce qui devrait rester secret, caché et qui se manifeste.
MHTRIS
= le pays de la mère.
Les Mères ce sont mes propres
origines, cette nature grecque profondément gravée dans mon
corps, ces femmes qui émergent de lieux lointains, ma mère
dans son jardin et les photos de ma mère sous les feuillages, Elia
enceinte, mes rituels dans l’eau, la sœur de ma mère chez elle,
Anatolia me regardant droit dans les yeux, le regard d’Antonias dans le
miroir, Myrto fixant l’horizon et moi, vêtue de noir, vêtue
de blanc, mère de visions accouchant d’images.
L’espace de la projection
Multiplication des surfaces de projection
de manière à ce que le dehors entoure le public. Environnement
d’images projetées.
Les paravents: écrans mobiles permettant
des variations de l’angle de projection ainsi que des effets de profondeur
spatiale.
Les miroirs: surfaces qui reflètent
les faisceaux lumineux et répercutent l’écho visuel de l’image
projetée.
La surface en verre: non-écran entièrement
traversé par les faisceaux, séparation invisible.
La fenêtre, la porte: ouvertures
vers le dehors, lieux par lesquels le dehors est perçu. Sorties.
Unheimlich III: Les Mères:
une cérémonie de la projection - la projection dans le sens
à la fois analytique, alchimique et cinématographique du
terme.
M.K. - K.T., 1981 |