- Présenter les tendances actuelles de ce cinéma pour la première fois sur les ondes nationales françaises - lancer le débat sur un art qui existe presque depuis le début du siècle et qui s’affirme de plus en plus en ce moment par une production très riche ne s’intégrant à aucun circuit artistique établi, et de ce fait, restant encore mal connue, méconnue, inconnue d’un public plus large.

- Donner la parole non seulement aux critiques ou aux organisateurs, mais aussi, et principalement, aux artistes cinéastes puisqu’ici les processus, les démarches, les façons de repenser le sens, la technique, le regard sont des facteurs aussi déterminants que les œuvres elles-mêmes.

- Réunir et juxtaposer des pratiques et des idées qui nous ont semblé représentatives et complémentaires dans leur diversité, la diversité des langages étant le constat spectaculaire de la liberté d’un cinéma qui se développe dans l’indépendance, loin de toute contrainte de rendement, insoucieux des codes et des mécanismes dominants de la vision, inventeur, rebelle, riche d’imaginaires, explorateur profond de perceptions.

- Engager un dialogue public avec des personnes que nous avons connues tout le long d’un parcours, avec qui nous avons partagé des moments de l’histoire de ce cinéma depuis 1976. Tracer des rencontres. De notre point de vue d’artistes tenter un regard “du dedans”.

- Evoquer uniquement par la dimension sonore un art principalement visuel. Ce paradoxe nous a paru particulièrement stimulant, surtout que notre venue au son est une étape relativement récente de notre parcours (pendant des années nous avons délibérément travaillé sur le film silencieux et sur la dimension sonore du silence).

- A partir d’un matériel sonore constitué d’entretiens, d’extraits de bandes son de films et de bruitages, composer une émission qui, sans perdre de vue la fonction de document, s’articule comme une création sonore en elle-même - ce qui a été possible dans le cadre de l’Atelier de Création Radiophonique de France Culture.

Dans le dispositif spatial que nous avons conçu pour la salle de projection du Musée national d'art moderne, l'émission Fermez les yeux, projetez un film sur vos paupières est diffusée en quadriphonie tandis que des faisceaux lumineux blancs diffractés par des filtres multiplicateurs et refractés par des miroirs se croisent dans l'espace. Les spectateurs peuvent choisir de s'y installer, de feuilleter l'album de photos, ou de se promener, ce qui permet une perception mobile du son et de l'image. Leurs ombres s'inscrivent sur les écrans.
  M.K. - K.T., 1984