29e Festival International de Films de Femmes de Créteil
Le vendredi 30 & le samedi 31 mars 2007 à 16H30


Rétrospective intégrale en hommage à
SANDRA LAHIRE (1950-2001)

proposée par Maria KLONARIS et Katerina THOMADAKI et présentée dans la section
"SO BRITISH!" consacrée aux nouveaux courants du cinéma britannique.
En partenariat avec le British Council.

La séance du samedi 31 mars à 16H30 THE SYLVIA PLATH TRILOGY,
sera introduite par Maria KLONARIS et Katerina THOMADAKI.

Maison des Arts de Créteil et Val-de-Marne, Place Salvador Allende.
http://www.filmsdefemmes.com

Sandra LAHIRE lors des 2èmes Rencontres Internationales Art cinéma/vidéo/ordinateur, organisées par A.S.T.A.R.T.I. à la Vidéothèque de Paris (Forum des Images) en 1994.
Photo: Véronique Boutroux/Archives A.S.T.A.R.T.I., TDR.

QUAND UNE FEMME POETE MEURT
UN HOMMAGE A SANDRA LAHIRE (1950 -2001)

Sandra LAHIRE a prématurément disparu en juillet 2001 des suites de complications post-chirurgicales. Avec Johnny Panic elle venait de compléter sa trilogie filmique inspirée de Sylvia Plath (1932-1963), dont l'œuvre et le destin l'avaient bouleversée. En même temps, elle s'était engagée dans une recherche de doctorat, restée inachevée, autour de l'héritage de Sylvia Plath dans l'art et du concept freudien de "l'inquiétante étrangeté".

Sandra LAHIRE est arrivée au cinéma avec une formation interdisciplinaire solide: études de philosophie (University of Newcastle-on-Tyne), de cinéma plastique (St. Martin's School of Art) et de médias environnementaux (Royal College of Art). Elle s'est associée au mouvement du cinéma expérimental britannique autour de la London Filmmakers' Coop et du Lux Center for New Media. Nous avons lié amitié dès notre première rencontre à Londres dans les années 80.

Malgré maintes difficultés matérielles, Sandra poursuivait sans relâche son chemin créatif. Elle était incisive, généreuse, lumineuse, traversée par une vision poétique forte d'une intégrité humaine. Penseuse lucide et imagiste délicate, elle a laissé un héritage filmique qui culmine dans la Sylvia Plath Trilogy. Ses combats politiques - féminisme, lesbianisme, écologie - cristallisés autant dans des films que dans des textes, apportent à ses œuvres une tension égale à leur pulsation poétique.

La disparition de Sandra LAHIRE nous a laissé le sentiment d'une mort symbolique. Il y a des morts qui sont symboliques, comme si celle ou celui qui meurt portait une marque qui dépassait l'existence individuelle, une marque qui exigeait l'expiation d'une souffrance collective. Comme si la blessure sociale avait atteint l'abîme du corps. Blessure de l'inadaptation des vies poétiques intenses que la société s'applique à détruire, marquages identitaires - celui de l'holocauste (Sandra était d'origine juive) ou celui de l'homosexualité. Expiation, au fond, de la condition d'exilé.e, de ces exils non-géographiques, de ces périphéries fragiles mais transformatrices de la société et du monde, de ces intérieurs psychiques luxuriants qui ne connaissent pas de concession. Sandra fréquentait ces territoires poétiques dont parlait Maya Deren et pour lesquels la vie vaut la peine d'être vécue. C'est dans ces lieux ombrageux et limpides que son art a respiré et grandi, c'est dans ces lieux qu'elle s'est forgé ses armes.

Sa perte est la perte d'une puissance. D'une puissance de femme et d'artiste engagée, d'une puissance de poète, d'une puissance cristalline, gravée exactement dans ce cristal irisé nécessaire à la survie du rêve et de la dignité du monde.

Maria Klonaris / Katerina Thomadaki
Paris, janvier 2007

(in "SO BRITISH!", catalogue du Festival International de Films de Femmes de Créteil, 2007)

 

PROGRAMME

Séance du vendredi 30 mars à 16H30

Trilogie sur la radiation:

Plutonium Blonde, 1986, 15min
Uranium Hex, 1988, 11min
Serpent River, 1989, 30min

et

Arrows, 1984, 15min
Terminals, 1986, 15min
Eerie, 1992, 1min

Séance du samedi 31 mars à 16H30

The Sylvia Plath Trilogy:

Lady Lazarus, 1991, 25min
Night Dances, 1995, 15min
Johnny Panic, 1999, 46min

 

http://www.klonaris-thomadaki.net